Je prends tous les jours un grand nombre de dĆ©cisions que ce soit dans ma vie personnelle ou dans ma vie professionnelle. Pour la plupart elles ont peu de consĆ©quences et je peux me permettre de les prendre rapidement pour rester efficace. Pour dāautres il faut vraiment bien rĆ©flĆ©chir pour prendre la meilleure dĆ©cision.
Et je me rends compte que autant dans la vie professionnelle, jāarrive Ć prendre de bonnes dĆ©cisions rapidement, autant dans la vie personnelle cāest plus compliquĆ©.
Jāai donc cherchĆ© de quoi aider ma dĆ©cision et je suis tombĆ© sur le concept des modĆØles mentaux, les systĆØmes de rĆ©flexion des plus grands de ce monde !
Qu'est-ce qu'un modĆØle mental ?
Un modĆØle mental, cāest une reprĆ©sentation mentale qui permet de traiter lāinformation de maniĆØre systĆ©matique pour expliquer le monde qui nous entoure.
En gros cāest un systĆØme qui dans une situation donnĆ©e, permet de prendre une dĆ©cision la plus efficacement possible cāest Ć dire en ayant le meilleur rapport entre temps passĆ© Ć rĆ©flĆ©chir et qualitĆ© du choix pris.
Comment identifier un modĆØle mental ?
Tout mode de réflexion qui vous permet de prendre une décision rapide et efficace peut être étiqueté de modèle mental. Il en existe un très grand nombre. Plus vous en connaissez et plus vous les appliquez, plus vos décision sont de qualité.
On peut les classer en 4 grands types :
Les modĆØles mentaux principaux
Ce sont les grands modèles qui peuvent être très souvent utilisés et applicables dans de nombreuses situations.
Les modĆØles mentaux contextuels
Ce sont les modĆØles spĆ©cialisĆ©s qui sāutilisent dans un contexte particulier, par exemple dans un certain type de travail.
Les modĆØles mentaux basiques
Ce sont les modèles que vous utilisez en routine quotidienne pour faire vos activités habituelles : comment faire un sandwich, comment envoyer un email etc.
Les modĆØles mentaux invisibles
Ce sont tous les biais cognitifs qui guident inconsciemment nos choix et nous font agir de maniĆØre automatique sans que lāon sāen aperƧoive. Les connaitre permet de bloquer cette pensĆ©e automatique qui nous fait parfois prendre de mauvaises dĆ©cisions que lāon pense ĆŖtre āintuitivesā.
Jāai fait une sĆ©lection des modĆØles mentaux les plus efficaces dans la plupart des situations pour que vous puissiez apprendre rapidement et vous aussi prendre de meilleures dĆ©cisions.
Liste des meilleurs modĆØles mentaux :
1. La carte nāest pas le territoire
Une carte est faite pour reprĆ©senter une simplification de la rĆ©alitĆ© (pensez Ć une carte routiĆØre, elle ne contient pas TOUS les chemins) qui permet dāaccĆ©der rapidement aux informations. Mais en simplifiant, on rĆ©duit la rĆ©alitĆ© et lāinformation peut ĆŖtre incomplĆØte. La carte peut aussi ĆŖtre une reprĆ©sentation dāun Ć©tat Ć lāinstant t mais qui nāexiste plus maintenant. Utiliser ce modĆØle mental revient Ć se poser la question : est-ce que jāai devant les yeux est un bon reflet de la rĆ©alitĆ© ?
Pour la médecine : les patients interprètent toujours leurs symptÓmes. Restez objectif et faites confiance à votre examen.
2. Les principes premiers
La rĆ©flexion par les principes premiers permet dāaborder un problĆØme complexe en le simplifiant. Pour lāutiliser, il faut dĆ©construire lāidĆ©e complexe en principe de base en se dĆ©tachant des hypothĆØses prĆ©conƧues. On rebĆ¢tit ensuite la pensĆ©e complexe Ć partir de ses principes premiers.
Exemple pour perdre du poids : perdre du poids est assez complexe en apparence. Le principe premier est de dire que si vous prenez du poids, cāest que vous mangez trop par rapport Ć ce que vous dĆ©pensez. Pour perdre du poids, il faut que votre balance Ć©nergĆ©tique soit nĆ©gative cāest-Ć -dire que vos entrĆ©es (ce que vous mangez) doivent ĆŖtre supĆ©rieures Ć vos sorties (votre mĆ©tabolisme de base + votre activitĆ© physique). Si vous voulez perdre du poids, il faut donc commencer par une restriction calorique (oui cāest un raccourci mais cāest pour vous montrer la rĆ©flexion logique).
Pour la médecine : revenez toujours aux signes cliniques initiaux et à la sémiologie quand vous ne comprenez pas une situation. Basez vous sur des faits objectifs (des chiffres, votre examen) et non sur les interprétations des patients.
3. Inversion
Un de mes modĆØle mental prĆ©fĆ©rĆ©. Le modĆØle de lāinversion cāest de prendre le problĆØme Ć lāenvers pour le rĆ©soudre.
Exemple : comment rĆ©pondre Ć la question : comment ĆŖtre heureux ? Cāest une question difficile, un peu philosophique. Prenons le problĆØme Ć lāenvers : comment NE PAS ĆŖtre heureux ? lĆ tout de suite cāest un peu plus facile : avoir des soucis dāargent, ne pas voir sa famille, ne pas avoir dāamis, tomber souvent malade, etc.
Donc pour ĆŖtre heureux, il suffit de faire lāinverse de tout Ƨa : avoir suffisamment dāargent, passer du temps en famille, voir ses amis, ĆŖtre en bonne santĆ© etc.
Vous pouvez appliquer ce concept dans un grand nombre de situations, entrainez-vous !
Pour la médecine : plutÓt que de vous poser la question : comment réussir mon concours, posez-vous la question : comment échouer à mon concours. Je parie que vous trouverez tout un tas de choses à ne pas faire !
4. Le cercle de compƩtence
Dans la vie, il y a des choses où lāon est naturellement bon et dāautres pas. Identifier rapidement ses forces et ses faiblesses pour les cultiver est important. Le modĆØle mental consiste Ć savoir quand vous ĆŖtes dans votre cercle de compĆ©tences de quand vous ne lāĆŖtes pas pour faire appel Ć quelquāun dāautre qui complĆØte notre cercle de compĆ©tences.
Pour la mƩdecine : je ne rappellerai jamais assez l'utilitƩ du rƩseau, ces copains de promo ou co-internes que l'on peut appeler pour prendre un avis rapide. Ca n'a pas de prix !
5. Le coĆ»t dāopportunitĆ©
Tout choix a des consĆ©quences, bonnes ou mauvaises. Tout choix entraine un non choix sur lāoption non retenue ce qui peut avoir un coĆ»t Ć terme. Ce coĆ»t est le coĆ»t dāopportunitĆ©. Quāest-ce que cela vous coute de faire ce choix ?
Pour la médecine : vous pouvez appliquer ce modèle lors de vos choix de ville et de spécialité à l'internat. Si vous choisissez telle ou telle ville, qu'allez vous perdre ? qu'allez vous gagner ?
6. Les effets composƩs
Cāest la reprĆ©sentation de lāeffet exponentiel. Le fait de rĆ©pĆ©ter une action un petit peu mais rĆ©guliĆØrement amplifie lāeffet sur le long terme, non pas de faƧon additif mais exponentiel.
Cet effet est bien connu en finance ou les intérêts de vos investissements se cumulent chaque année de plus en plus pour arriver à une énorme somme à long terme. La clé ici est la régularité et la répétition.
Pour la médecine : travaillez régulièrement, au début vous ne ferez pas les liens entre tous les symptÓmes et les pathologies. Et un jour, c'est le déclic, tout se met en place. Mais cela prendre du temps et du travail régulier !
7. Loi de Pareto
Aussi appelƩe loi du 80/20 qui dit que 80% de nos rƩsultats sont le fruit de 20% de nos actions. Cette balance existe dans plein de domaines diffƩrents.
Ex : les 80% de messages que vous recevez sur votre tĆ©lĆ©phone sont envoyĆ©s par 20% de votre carnet dāadresses.
Ce quāil faut retenir cāest quāen identifiant les actions qui ont le plus dāimpact, on avance beaucoup plus vite.
Attention cependant, cette rĆØgle ne sāapplique pas en cas de besoin de prĆ©cision importante.
Ex : un chirurgien ne peut pas se contenter de nāopĆ©rer quāĆ 80%...
Pour la médecine : difficile d'appliquer ce principe pour soigner un patient (cf. plus haut). Mais vous pouvez tout à fait l'appliquer à vos tâches administratives ou à vos courriers.
8. La pensĆ©e de second ordre = lāeffet domino
PensĆ©e de premiĆØre ordre ā rĆ©sultat immĆ©diat
PensĆ©e de second ordre ā rĆ©sultat immĆ©diat + rĆ©sultat Ć long terme
Cāest comme une chaine de domino ou le premier domino qui tombe fait tomber les suivants et ainsi de suite ā il faut anticiper le rĆ©sultat de ses actions Ć court mais aussi Ć moyen et long terme avant de prendre une dĆ©cision.
Pour la médecine : pensez au résultat à long terme d'un médicament, c'est-à -dire aux effets secondaires que vous pouvez entrainer en voulant soigner un symptÓme.
9. Le rasoir dāOccam
Les explications les plus simples sont souvent les meilleures.
Ex : en mĆ©decine on a lāhabitude de dire : āsi tu entends des bruits de galop dans ton dos, avant de penser Ć un zĆØbre, cāest peut ĆŖtre dāabord un chevalā ; cāest Ć dire que devant un nez qui coule, cāest dāabord un rhume avant dāĆŖtre une tumeur du nez.
Pour la médecine : l'histoire du zèbre... Evoquez d'abord les diagnostics les plus probables avant d'aller chercher la maladie rare... même s'il ne faut pas l'oublier.
10. Le rasoir dāHanlon
Ne pas attribuer Ć la malice ce qui sāexplique plus facilement par la stupiditĆ©. Parfois on suppose que les gens font des actions avec une intention particuliĆØre (mĆ©chancetĆ©, jalousie etc.) alors que parfois ce nāest juste quāune erreur de leur part.
Ne pas partir du principe que les gens font des choses toujours par intention. Lāexplication la plus susceptible dāĆŖtre juste est celle qui contient le moins dāintentionnalitĆ©.
11. Lāavocat du diable
Se faire lāavocat du diable cāest se mettre dans une position où lāon dĆ©fend quelque chose auquel on ne croit pas ou bien une position indĆ©fendable. Le but de la manÅuvre et de prendre le problĆØme par un autre angle et de sāaffranchir de nos prĆ©jugĆ©s pour rĆ©flĆ©chir dāune faƧon nouvelle.
Pour la médecine : on peut utiliser ce modèle mental pour trouver un diagnostic difficile. Changer de point de vue et aborder le problème sous un autre angle.
12. La 3ĆØme histoire
Cāest une variante de lāavocat du diable. Quand 2 points de vue sāaffrontent, il faut prendre un point de vue extĆ©rieur et se mettre dans la peau dāune 3ĆØme personne qui regarderait le film en face de soi.
13. La mƩthode des 5 pourquoi
Pour trouver la raison principale du problème et pas la raison immédiate, il faut se poser 5 fois la question "pourquoi ?".
Exemple :
- Pourquoi je prends du poids ? ā parce que je ne fais pas assez de sport
- Pourquoi je ne fais pas assez de sport ? ā parce que je nāai pas le temps
- Pourquoi je nāai pas le temps ? ā parce que je travaille trop
- Pourquoi je travaille trop ? ā parce que que je suis mal organisĆ©
- Pourquoi je suis mal organisĆ© ? ā parce que je nāai pas appris Ć vraiment māorganiser
Donc si je veux perdre du poids ā il faut que jāapprenne Ć mieux māorganiser.
Bon on voit très vite la limite de ce modèle car en fonction de la réponse, toutes les réponses suivantes changent et donc le résultat change mais ce système à le mérite de se forcer à réfléchir à un maximum de causes sur un problème donné.
Pour la médecine : un autre modèle mental pour trouver un diagnostic et trouver l'origine du problème.
14. La chirurgie du cancer
Le cancer se fixe sur les organes et les paralyse. Si on retire le cancer on restaure lāorgane (oui cāest trop simpliste mais cāest pour lāexemple). Parfois, il faut enlever les mauvaises choses pour retrouver quelque chose de bien plutĆ“t que de vouloir ajouter.
15. Marge de sƩcuritƩ
Toujours prendre une large marge de sécurité dans ces calculs et ne pas prendre tout juste au cas où les calculs seraient faux.
Ex : on ne fait pas passer un camion de 9500 kg sur un pont qui nāen supporte que 9600 en thĆ©orie, cāest trop juste...
Pour la mƩdecine : prenez de la marge avant d'arriver au concours le jour J !
Comment commencer à prendre de meilleures décisions ?
Commencez par choisir 1 ou 2 modèles mentaux puis cherchez dans votre quotidien dans quelle situation vous pourriez les appliquer. Une fois que vous les appliquez de manière régulière et intuitive (cela devrait prendre un petit mois), choisissez en 2 autres et recommencez le processus.
Ne cherchez pas à tout intégrer d'un coup, il faut que vous fassiez rentrer ces modèles progressivement pour les appliquer de façon automatique sans y penser.
N'hésitez pas à me donner vos modèles mentaux pour prendre de meilleures décisions en médecine, ça m'intéresse énormément !
Amusez-vous !